Mythologies intérieures

 

 

La galerie ART aujourd’hui explore la dimension mythologique de l'art avec trois artistes qui réveillent en nous la mémoire primordiale des mythes.  Leurs œuvres ne sont pas des objets mais des choses qui nous regardent et nous renvoient aux images et récits qui, depuis toujours, tendent les miroirs dans lesquels se reflète l'humaine condition. Comme les mythes, elles la dévoilent sans en déflorer le mystère. Elles interrogent plus qu'elles ne répondent et donnent corps à un imaginaire intemporel et universellement partagé.

Un subtil fil d’Ariane unit ces trois œuvres, mais au sortir du labyrinthe, nous saisit l’ardent désir d'y retourner pour demeurer encore dans ce monde enfin ré-enchanté: La Grèce antique, si riche en personnages mythiques avant d’être le  berceau de la philosophie, l’Afrique, terre des esprits et des fétiches, et bien d’autres contrées parcourues de chamanisme s’emparent de l’imaginaire de l’artiste et chuchotent les secrets de la magie à qui regarde les œuvres.

 

 K. Vasili.

 

 K Vasili,  Zigourat, huile sur toile, diamètre 50cm.

 

Le regardeur pressé percevra d'abord, de l’œuvre de K Vasili, la rigueur et l’austérité. Toute de mesure et de retenue,  toujours construite autour d'une verticale centrale, volontairement limitée à un minimum de formes et couleurs primordiales posées sur un  idéal  fond noir ou blanc en d'infinies variations toujours plus subtilement agencées. Mieux vaut prendre le temps de la contemplation et se séparer des illusions et des apparences. Le Mythe de la Caverne de Platon, déjà, invitait à se détourner du monde sensible, anecdotique, pour parvenir à l’essence même des choses, à la forme pure au-delà de toute particularité. La peinture de K Vasili exige cet effort. Sa verticalité et sa symétrie invitent à un au-delà de soi-même, et nous convoquent à un dynamisme originel qui fait tutoyer la perfection. Pourtant, la vie est bien là, vibrante, au cœur de la peinture, charnellement ancrée à la forme, elle illumine le tableau d’une savoureuse matière picturale. Monde sensible et monde intelligible se trouvent réconciliés le temps – éternité- d’un tableau.

          

 K. Vasili, 2 petits formats 22x16 cm, 2011.

Philippe RILLON

Parcelles de mythes, rituels ancestraux, Philippe Rillon, tel un féticheur africain répétant les formes archétypales de son ethnie, tisse et fusionne des éléments épars qui semblent surgis d'une mémoire ancestrale universellement partagée. L'artiste traverse le mur de la conscience comme il perce la toile, la blesse et la répare. Éternelle dialectique de la destruction et de la réparation, à l’œuvre dans la nature, dans l’histoire et ici dans la technique picturale. Mais, à l’inverse de Pénélope qui refait au matin ce qu’elle a défait la nuit, la réparation est ici l’acte créateur même. Coutures, tressages, tissages, matériaux improbables: sable, poudres, charges diverses, coquilles d’œufs broyées, papiers et colles de toutes sortes, évoquent l’antre de l’alchimiste ou la case du féticheur.

 

Philippe RILLON, A feu et à cendres(2), huile et techniques mixtes sur toile,162x114 cm, 2012

 

Pour autant, aucun maniérisme dans cette profusion de matières, mais l’ardente  volonté de conjurer la fuite du  temps, d’interroger inlassablement le mystère de l’existence en lui donnant un supplément de réalité. Chaque tableau, tel un talisman semble habité d’un pouvoir surnaturel. Fantomatique, la terre d’ Afrique n’est jamais loin.

Janine KORTZ-WAINTROP

Janine Kortz-Waintrop a l’âme d'un bâtisseur. Au creux de ses demeures solidement charpentées, portes, chapelles, réceptacles, temples, labyrinthes, tours de guet, casemates élevées aux confins d'un improbable désert, se devinent de mystérieux et primitifs rituels d'attente dont le sens serait à jamais perdu.

 La matière en est rude, travaillée par les puissances élémentaires et les forces du temps. Comme le chaman, Janine Kortz-Waintrop parle avec les forces chthoniennes de la terre et du feu. Le grès, le bronze, la pierre sont les matériaux de ce dialogue toujours exigeant, dépouillé de toute afféterie. 

Ces formes, demeures blessées, sont, comme celles de Philippe Rillon, réparées, pansées avec dextérité et tendresse. Elles gardent les stigmates du temps. De la brutalité de la matière Janine Kortz-Waintrop fait émerger une subtile fragilité: la beauté du déséquilibre.

 

  Janine Kortz-Waintrop, In der nacht, grès,  64x25x39cm,2013.

 

Janine Kortz-Waintrop, Construction, grès noir et porcelaine blanche, 100x45x30cm, 2010.

 

Biographies

 

K. Vasili

  Né en 1942 en Grèce, a vécu en Yougoslavie de 1948 à 1964 où il a fait ses études artistiques.

A Paris depuis 1967, il opte pour la nationalité française.

Membre fondateur de l'association « La Peau de l'Ours ».

Expose régulièrement depuis 1966 en France et à l'étranger, dans diverses galeries et musées dont Galeries : La Cour d'Ingres - Nichido (Paris), Santo Stephano – Novara (Italie)  et musées : Musée National, Belgrade- Musée de Rochefort etc...

Nombreuses collections privées et publiques dont Musée d'art moderne de Skopje et Musée National de Belgrade. ...

 

Philippe RILLON

    Né en 1949, études à l’E.N.S.B.A. Paris. Nombreuses expositions individuelles en France et à l’étranger dont: - Galerie Visconti, Paris de 1984 à 1995 - Galerie Florimont, Lausanne, de 1994 à 2001.

Autres expositions personnelles à Rouen ( D. Duchoze), Aix en Provence, Amsterdam, Paris etc..

Nombreuses expositions collectives et participations aux Salons d’Automne, de Mai, Comparaisons, Jeune Peinture, Montrouge, MAC 2000, Itinéraires…

Fonde l'association la "Peau De l'Ours" en 2005 et la  préside depuis.

2013: participe à la création de la galerie ART aujourd'hui.

Œuvres dans des collections publiques:

Fonds National  d’Art Contemporain, Paris.

Hôtel de la Monnaie, Paris.

Musée de Hecho (Huesca, Espagne).

Villes de Gagny, Saint Ouen et Clichy sous-bois (93), Champigny sur Marne (94).

 

 Janine KORTZ-WAINTROP

 Née en 1964 en Allemagne, vit depuis 1983 à Paris, diplômée de l’E.N.S.B.A, 1991. Université Paris VIII 1992.

Elle a été invitée dans nombreux pays depuis 1994 pour des symposiums de sculpture et a créé des œuvres monumentales en France, Burkina Faso, Chypre, Syrie, Egypte, Bahreïn, Kuwait, Belgique, Italie, Portugal . Elle a réalisé le baptistère pour l’Eglise Notre Dame de la Pentecôte à  La Défense.

Elle expose régulièrement en France et à l’étranger.

2014 Résidence-recherche à la manufacture de Sèvres.

2013 Biennale 109, cité des Arts, Paris (F) Prix Rossini.

 

 Images de l'exposition